Le villages de Sully
L'histoire du village de Sully en vidéo
Le Concert
Le Canton d'Epinac au début du (20ème) siècle
Le livre Le Canton d'Epinac au début du siècle de Lucien Taupenot.
sert de file rouge à l'association Musique aux Champs pour voyager dans l'histoire des villages du Canton d'Epinac en musique. Cet ouvrage sert de référence et de source, différentes pages du livres seront citées au fil du voyage.
Lucien Taupenot était un médecin et écrivain, chevalier de l'Ordre national du mérite et chevalier des Arts et des Lettres, originaire d'Epinac. Il a écrit plusieurs oeuvres de fictions et historiques sur la Bourgogne et la région de l'Autunois Morvan.
L'histoire du village de Sully
Il y a peu, appelée Sully le Château, cette commune est la plus grande du Canton d'Epinac avec ses 3184 hectares. Elle est également une des plus chargée d’histoire. Elle est arrosée par la Drée et ses deux ruisseaux, Brieul et Ezée. Les origines du nom de cette commune donne lieu à différentes hypothèses, Ainsi elle serait le lieu d’implantation de la villa de Silius, général romain, après sa victoire sur Sacrovir en l’an 21 de notre ère.
Etymologiquement, le nom de Sulliacus formé du gentilice Sulius ou Sylius et du suffixe acos latinisé en acus confirme que la villa de Sully existait à l’époque romaine. Le château de Sully fait partie d’un ensemble de fortifications construites, pour certaines, à partir de l’an mille sur un axe de communication qui emprunte la vallée de la Drée puis de l’Arroux et permet depuis l’antiquité la liaison entre les bassins de Saône et de Loire. Cette série de forteresses existe encore, pour partie aujourd’hui, sous forme de Château médiévaux ou modernes. Ils jalonnent l’axe d’Est en Ouest, on trouve ainsi les châteaux de Brandon, Epiry, Morlet, Epinac, Grosme aujourd’hui ruine, Sully, Lally, Champsigny, Ygornay, jusqu’à Dracy-Saint-Loup.
C’est en 936 que le territoire est rattaché à l’église d’Autun les seigneurs de Sully seront vassaux de l’évêque d’Autun. Dès lors, avec Couches, Luzy, Montperroux, et la Motte-Saint-Jean, Sully va constituer une des baronnies des anciens évêques d’Autun. Les évêques d’Autun auront d’ailleurs leur propre forteresse à Grosme. Il va s’édifier alors, à partir de 1360, le Sully-en-Royauté qui comprenait aussi Veuvrotte et Marvelay.
Cependant les rudes fondateurs des grandes familles, plus habiles à l’épée qu’à la plume préféraient l’une à l’autre pour régler les différents où la conservation de leur domaine, ce qui rendait difficile avant le 13ème sièle, l’établissement d’archives qui, pour la pluspart, sont d’origine ecclésiastiques. En 1236 Gaultier, alors seigneur de Sully, et vassal de l’évêque d’Autun exauce un vœu qu’il fit au retour de Rhodes et fonde le monastère du Val-Saint-Benoît. Gaultier avec les seigneurs de Luzy, de la Motte-Saint-Jean et de Montpierroux était l’un des quatre grands barons vassaux qui portaient la chaise de l’évêque lors des grandes cérémonies de prises de possession.
Gaultier sera inhumé en 1240 dans l’église prairiale sous un bas-relief représentant le cortège processionnaire de ses obsèques. Ce bas-relief est l’un des plus beaux spécimens de la sculpture au temps de Saint Louis. Il est, à ce jour et pour des questions de sécurité, déposé au château de Sully. Les seigneurs de Couches avaient fait du Val-Saint-Benoît leur lieu de sépulture et firent de nombreux procès au seigneur de Sully avant de prendre possession des terres de la baronnie. Le dernier représentant de la dynastie des Montagu sera tué au siège de Rully et Sully par donation de Claude de Montagu deviendra propriété de Hugues de Rabutin en 1469. La recherche de feux de 1475 décrit le paysage en ces termes:
Paroiche et forteresse au seigneur d’Espery et dont ils sont tous sers ; Bouton 13 feux, Sully 10 feux, la Cosme, 6 feux, le Puys 3 feux, le Montceault 4 feux et Creusefond 4 feux ….
Claude Rabutin sera seigneur d’Epiry et de Sully en 1503 et va décéder à la bataille de Marignan, c’est Christophe de Rabutin seigneur de Sully et de Bourbilly, qui va lui succéder. Il est le grand-père de Christophe de Rabutin baron de Chantal. Ce dernier épouse en 1592 Jeanne Françoise Frémyot qui sera béatifiée en 1767 sous le vocable de Sainte Chantal. Le baron de Chantal est le grand-père de madame de Sévigné. En 1515 Christophe de Rabutin vend le fief de Sully à Jean de Saulx d’Orain qui devient baron de Sully et épouse en 1504 Marguerite de Tavannes. Son fils, Gaspard de Saulx Tavannes, sera dans l’ordre de succession baron de Sully et seigneur d’un fief très important.
La personnalité de cet illustre personnage n’a pas échappé à Maillard de Chambure qui en parle en ces termes :
A la bataille de Pavie en 1525 un jeune page de François 1er fut fait prisonnier au côté du roi. Devenu plus tard lieutenant des gardes du Duc d’Orléans, le page de Pavie donna devant la cour de nouvelles preuves de son intrépidité dans de vaines et folles prouesses. Courant à cheval sur les toits, traversant des brasiers ardents, franchissant sans perdre selle d’un rocher à l’autre de profonds abîmes … ce bon chevalier c’était Gaspard Saulx-Tavanes qui se plut à construire le château de Sully avec une magnificence royale.
Anticalviniste féroce, il fut un des organisateurs et le bras armé de la Saint Barthélémy à Paris. Henri IV ne lui pardonnera pas et fera détruire, entre autres, la forteresse de Vergy appartenant à Guillaume Saulx-Tavannes, Fils de Gaspard. Celui ci pourtant, s’était déclaré très tôt au service du roi et avait guerroyé contre les ligueurs.
Le maréchal Gaspard Saulx-Tavannes meurt à Sully en 1573. C’est sa veuve qui, sur les plans établis par son mari, fit construire le château de Sully par l’architecte Ribonnier de Langres pour 5000 écus sur la base d’une forteresse médiévale. Sur ce Fontainebleau de la Bourgogne comportant quatre corps de logis flanqués de quatre tours d’angle posées en losange et qui, selon les gens du pays, comportait autant de fenêtres que de jours de l’année, il faut relire l’enthousiasme des visiteurs de l’époque tel que Roger de Bussy Rabutin :
Nous entrâmes dans la cour qui est la plus belle cour de château de France, 7 carrosses à 6 chevaux et nous étions 5 qui n’avions pas mené les nôtres…. J’y vit dans l’église le caveau des Rabutin d’un côté et celui des Tavannes de l’autre, et nos armes écartelées avec celles des Montagu dans toutes les vitres, car vous savez que ce fut Christophe,notre bisaïeul, qui vendit à Jean de Saulx, seigneur d’Orain, père du Maréchal de Tavanne.
Sully sera procession des Saulx Tavannes durant 200 ans. Le 4 juin 1714, le fief de Sully est repris par Claude de Morey de Champsigny, gentilhomme ordinaire de la grande vénerie de France, marquis de Vianges. Hubert de Morey, son père était conseillé du roi, contrôleur général des finances de Bourgogne et de Bresse. Sully va entrer dans la famille Mac-Mahon par mariage de la veuve de Baptiste Lazare de Morey, Charlotte Le Belin, avec un médecin irlandais établi à Autun, Jean Baptiste de Mac-Mahon.
Le maréchal Patrice de Mac-Mahon devait naître à Sully en 1808. Après avoir servi en Algérie sous les ordres du Général Changarnier, originaire d’Autun, il s’illustra à Malakof puis à Magenta. Président de la République en 1872, il transforma Sully pendant trois semaines en l’Elysée de Paris . La cheminée de la salle de réception était égayée de la maxime suivante :
Vieux amours et vieux tisons, S’allument en toutes saisons.
Les fossés du château seront recreusés en 1890. Cependant loin de cette vie brillante et de ces actions d’éclat, qu’en est-il de la vie quotidienne des habitants de la commune ? En 1645 la baronnie de Sully-en-Duché comprenait les villages de Barnay, Igornay, Champsigny, le Petit Moloy, Repas, Savigny-le-jeune, Creusefond, Morgelle et Bouton. La recherche de feu s’est traduite ainsi.
Nous nous sommes acheminés à Suilly qui appartient à monsieur de Tavannes et les hameaux de Montjelle et Boutton en despendent ; Jean Dessus, se disant collecteur de la présente année, nous apporta deux roolles par lesquelz, après nous les avoir affirmé véritables, nous recogneusmes qu'il y avoit 121 habitants desquels 32 sont laboureurs tenant charrues, le reste estant personnes journalières, ensuite de quoy nous visitasmes de pot en pot toutes leurs maisons que nous avons treuvé estre en très bon estât, y ayant trois hostelliers, tixiers, mareschaux et autres personnes de mestier ; ilz sont mainmortables,, ne doibvent rien, n'ont point de gens de guerre, doibvent par semaine un jour de corvée à leur seigneur; leurs terres sont partie à seigle et à fourment et la scituation est en lieu plain, au bas d'une montaigne. Audict Sully, les deux métayers du seigneur, le musnier,le jardinier et le vigneron ne payent taille, comme aussy le recepveur, nommé Bonvalot, que les habitans n'ozent imposer, à la considération dudict seigneur...
Le 19 Novembre 1754 la contrée fut affolée: on annonçait le passage de Mandrin à Creusefond. Le fameux bandit qui venait de Beaune, après avoir volé un cochon à La Rochepot, se saisit d’une quarantaine de séminaristes en route pour Châlon pour y être ordonnés, et leur dicta ses ordres :
Vous allez prendre la peine de nous accompagner à Autun ! C’est plus pressé que d’aller voir la Saône !…
C’est avec ces otages que la bande à Mandrin arriva aux portes d’Autun, et négocia avec le maire Roux, la rançon de leur libération. Attaqué la nuit suivante par les gens d’armes de Fisher à Gueunand, Mandrin se réfugie en pays de Savoie. Il sera enlevé à Rochefort-en-Novalaise en Savoie, hors du royaume, par une troupe commandée par le colonel de la Morlière, ce qui ne manquera pas de provoquer un incident diplomatique. Mais un jugement expéditif à Valence l’enverra au supplice de la roue le 26 mai 1755. Une complainte qui idéalise le parcours de cet anarchiste fut composée en s’inspirant d’une musique écrite par Rameau pour son opéra Hippolyte et Aricie.
En 1789 les cahiers de doléances de Sully-en-Duché font part des réclamations des habitants Jean Bligny vigneron représente alors les habitants de Sully :
Le terrain est sans pente, humide et par conséquent de mauvaise qualité. La communauté est composée de125 feux dont il en faut distraire au moins 30 qui ne jouissent que d’un logement, d’un petit jardin,d’une petite chènevière,et qui n’ont aucun commerce et industrie. Néanmoins ils payent chacun environ trois livres de taille. Dans les 95 autres feux, il n’y a que trois domaines qui jouissent chacun de 15 milliers de foin et qui ensemence chacun 15 journaux de terre par an. Une autre partie consiste en des vigneronneries qui sont de mauvais rapport et pour la quantité et pour la qualité.
En 1904 Sully comptait encore un taillandier : Charlot et deux scieurs de long Brugnot et Chaussard. Il y avait six Auberges, le boucher était Mr Mariller et le charcutier Mr Gauthey. A cette période Sully comptait deux boulangers, trois épiciers, un marchand de tabac, deux marchands de tissus, une huilerie, deux tuileries et deux fours à chaux. Les artisans étaient nombreux et les métiers variés, ainsi trois charrons, deux charpentiers, cinq forgerons, un maréchal ferrant, un meunier, deux sabotiers et un maçon officiaient sur le territoire de Sully. L’église actuelle de Sully, placée sous le vocable de l’Assomption de la Vierge a été édifiée entre 1867 et 1873 en remplacement d’une église romane du 12ème siècle jugée trop petite et trop malcommode, située au fond du cimetière du village.
D’un style néogothique en vogue à l’époque et sans grand intérêt architectural, elle est surtout remarquable par ses dimensions et sa hauteur inhabituelles pour une église de village et aussi pour son coût de construction (120 000 Francs de l’époque soit un siècle du traitement de l’instituteur !). En 1870, madame la Marquise de Mac Mahon fit don de 60000 Francs à la commune pour participation à la construction de cette nouvelle église, cependant que la commune lui cédait, au prix de 5000 Francs, le chœur de l’ancienne église et son clocher roman, afin d’en faire la chapelle funéraire de la famille Mac Mahon. La chapelle latérale contient les sépultures de Jean de Saulx et de son épouse Gabrielle de Montpezat inhumés en 1630 et 1653. La chapelle du cimetière qui sert de caveau à la famille Mac Mahon fait partie de l’ancienne église paroissiale où fut baptisé le Maréchal.
La richesse historique du patrimoine de Sully est marquée par l’originalité et la qualité de la statuaire laquelle s’inspire directement des grandes commandes des Ducs de Bourgogne. Les politiques avisées des Ducs Valoisiens vont, par mariages successifs, élargir leur influence sur les riches conté et duchés du Nord, de Flandres, du Hainaut et du Braban développant en parallèles des arts et des œuvres qui vont inspirer les artistes locaux. Les plus connus étant Claus Sluter et son neveu Claus de Werve ainsi que Jean de la Huerta auquel on va attribuer de nombreuses œuvres locales du XV ème siècle. Une statue de la vierge à l’enfant, une représentation de Sainte Agathe, Sainte Marie Madeleine de Saint Gervais, Saint Barthélemy de Sully, et l’exceptionnel retable de Sully feront partie des œuvres qui sont imputées, probablement à tort, au bouillant Aragonais. Courtépée, révèle aussi d’autres richesses du patrimoine local:
A Bouton, se trouve une chapelle rurale transférée en 1770 de la paroisse où elle avait été fondée sous le vocable de la vierge, par Jean Bligny et Marie Bretin en 1679, du patronage de Monseigneur Bretin. Édifiée vraisemblablement entre les années 1630-1720, lors de la grande peste qui affecta la région autunoise, et dédiée à saint Roch, la chapelle de Morgelle est un édifice de taille très modeste. Un cordon en fort relief sépare la façade du mur-pignon, surmonté d’un clocher à arcade qui possède encore sa cloche. Elle est formée d’une nef de plan carré de quatre mètres de côté, d’un chœur plus étroit prolongé dans son axe par une curieuse colonne engagée. Le calvaire de « La croix Mallard », du nom du curé qui le fit érigé au centre du Bourg, date du 16ème siècle. Au pied de la croix se trouvent les statues de Saint jean Baptiste, de sainte Madeleine et d’un évêque. Restauré en 1915, c’est le sculpteur local Kerdalo, tailleur de pierre à Sully, qui a sculpté la croix elle-même ainsi que la quatrième statue en hommage à l’abbé Muguet, Curé de Sully en 1904 qui fut l’historien du val St Benoîts...
Sully comptait plus de 1600 habitants en 1840, au temps de l’importante exploitation minière sur le Canton. Deux sites permettaient l’extraction de charbon sur la commune, l’un à Marvelay l’autre à Veuvrotte et dans des temps plus anciens, sur des affleurements, se trouvait exploité un charbon de terre . Le site de Veuvrotte sera véritablement exploité en 1943 à partir du plan Bathiard suivant une descenderie d’extraction qui atteint 70 m de profondeur. La Couches de charbon exploitable avait 1m60 de puissance sur une pente élevée de 40°. La teneur en cendre de 45% donnait un charbon de qualité très moyenne. En 1965 les travaux de Veuvrotte atteignent 300m de profondeur et l’extraction qui en limite la rentabilité va s’arrêter en 1966. La commune de Sully compte aujourd’hui un peu plus de 500 Sullisiens et Sullisiennes.